Caroline, 33 ans, fille d’une malade alcoolique, mère de deux enfants,
Moi c’est Caroline, j’ai 6 ans. Ce qui compte le plus dans ma vie, ce sont mes parents ! Et pourtant le soir, je ne me sens pas bien avec eux. Mon papa est à côté de moi mais il est plongé dans sa télé et ma maman… elle affiche des grands yeux écarquillés, parle bizarrement. Quand je la regarde, mon ventre sonne l’alarme, comme quand le danger rôde…
Quand je suis au lit, elle tombe sur moi au moment de me faire mon bisou… Elle trébuche sur les mots en lisant mon histoire… Quand je fais un cauchemar, je crie pour l’appeler. Elle ne vient pas, je cours dans sa chambre, elle ronfle plus fort que papa. Je la secoue. Impossible de la réveiller.
Ma maman me manque…
Le lendemain matin, elle a retrouvé son beau regard et sa voix que j’aime tant.
Que s’est-il passé hier soir ? Cette question, je la mets dans ma poche et toutes les deux on part à l’école. Au fil du temps, elle devient une obsession. Car chaque soir, ma maman s’en va et « Mister Hyde » prend sa place…
Je suis triste, je ne comprends pas. Je pose des questions et… dans mon ventre, je sens que c’est un « sujet interdit »… Le silence lourd comme unique réponse. Il me poursuit, maintient ma tête enfoncée dans ce huis-clos où l’alcoolisme sévit chaque soir.
J’ai 8 ans quand ma mère s’effondre dans le lave-vaisselle, face à un public familial élargi : dans mon ventre c’est le choc et surtout la célébration ! « Ça y est, c’est fini ! Aujourd’hui c’est sûr, les adultes de la famille ne pourront plus rester silencieux et faire comme si de rien n’était ! »
…… Et bien si, ils le peuvent !
Qu’est-ce qui ne tournent pas rond chez eux ?
Aujourd’hui, à travers mon témoignage, je lève le tabou et brise ce satané silence pour révéler l’envers du décor de l’alcoolisme intra-familial… Je sème une graine, qui, je l’espère participera à (r)éveiller les ventres et les consciences.